Grand Trail de Saint-Jacques

Comment j'ai atterri sur cette course ?!

Tout simplement, lors de ma participation à la LyonSaintéLyon (fin Novembre 2021). Un passage obligé au Salon du Running pour récupérer mon dossard, un petit tour pour découvrir les stands en exposition et le tour est quasi joué !! Je suis accompagnée de Yann, mon acolyte de l'extrème et nous sommes stoppés sur le stand d'une course. Les exposants nous invitent à participer à leur jeu concours pour tenter de gagner un dossard. Je me lance à remplir le formulaire sans même savoir pour quelle course je participe, de toute façon la probabilité de gagner est faible !!

Sauf que tout début Janvier, je reçois un coup de fil d'un numéro inconnu, bizarre mais qui est-ce donc ?!!

• Elle se présente, cela ne m'avance pas plus sur qui est mon interlocutrice et elle rentre dans le vif du sujet. Je suis la gagnante du jeu concours !!
• Hein ? Quel concours ?
• Elle me rafraichît la mémoire en me rappelant le salon du running à la Halle Tony Garnier !!!
• Oh punaise, non c'est pas vrai !!! Mais c'est où et c'est quoi !!!
• Le Trail de Saint-Jacques by UTMB à Le Puy-En-Velay, vous avez gagné un dossard sur la distance de votre choix.

Je raccroche et explose de rire, moi qui pensait ne pas gagner, comme quoi !! Alors c'est une évidence, je compte bien profiter de mon gain, je le prends comme du pain béni. Je ne sais pas encore comment je vais me rendre sur place, ni même où je vais loger, je gérerai la logistique dans un second temps. Pour le moment, la question existentielle qui me vient, quelle distance ?!

La course a lieu le 11 Juin 2022 et Il existe 4 formats de course, 17km, 43km, 72km, 123km. Mon choix penche entre le 43km et le 72km, sachant que 3 semaines avant je participe déjà à une course de 69km en Occitanie (Trail des Donjons organisé par Aude Trail Cathares), j'hésite !! 72km me semble beaucoup avec si peu de récupération mais en même temps 43km me semble peu, je me dis que d'aller si loin pour si peu de kilomètres, cela n'en vaut pas la peine !! Oui je sais j'ai les idées un peu tordues, lol.

Je prends une décision rapidement et je me lance sur le 72km même si je trouve cela un peu risqué. Je pars dans l'optique de réaliser un défi un peu fou, il me faudra optimiser la récupération entre les 2 courses. De toute façon, l'objectif principal de l'année, se trouve à la fin de l'été et pour tenter d'y arriver, il me faudra manger du kilomètre et le plus de dénivelé possible.

La course en Occitanie ne se passe pas comme prévu, je suis stoppée par la barrière horaire au 48e km et 3000m d+ et c'est un véritable échec. Je doute énormément depuis et je me remets en question sur mes capacités à finir une course quelle qu'elle soit. Les jours suivant, je tente de relativiser sur cette expérience, histoire d'accepter plus facilement cette déception, je vais pouvoir repartir aussitôt à l'entrainement vu que la récupération est plutôt bonne.

Le week-end approche, je pars le vendredi matin en train, direction la ville du Puy-en-Velay. Le train se trouve être la meilleure des options pour éviter la fatigue de conduire. Au programme, 2 correspondances sans oublier le trajet à pied pour me rendre à ma gare et rejoindre la Gare de Lyon. J'ai passé la journée dans les transports !!

Une fois à la gare Le Puy-en-Velay, je vais directement récupérer mon logement (réservé par airbnb) et en route pour le retrait des dossards qui se trouve à proximité de la cathédrale. Le centre ville est magnifique et la cathédrale s'y trouve au sommet, c'est justement à cet endroit que l'arche d'arrivée est installée. Pour franchir cette finish line, il y aura une dernière bonne grimpette sur des pavés !!

Le retrait des dossards se fait sans encombre et je récupére mon ticket pour la navette qui m'emmènera le lendemain sur le site de départ à Monistrol d'Allier. Soirée passée en toute tranquilité avec les derniers préparatifs, le repas d'avant course toujours préparé méticuleusement pour faire le plein de glucides, de protéines et au dodo.

Le réveil sonne de bonne heure, en avant le site du départ des navettes qui se trouve à 15 min à pied. C'est toujours un petit moment stressant de louper le timing. Me voila bien installée, en route Monistrol d'Allier avec environ 30minutes de trajet. Le bus s'arrête à distance du site de départ et avec tout les coureurs, nous partons rejoindre une petite salle des fêtes pour patienter mais c'était sans compter, un petit tour de manège dans le village car ce lieu est introuvable malgré les nombreux panneaux d'indication.

La météo s'annonce très chaude, c'est une période de canicule qui dure en France, les prévisions annoncent 30-31 degrés pour cette journée. J'ai clairement peur d'être en difficulté, comme sur l'Aude Trail Cathares fin Mai où la chaleur m'a fait vivre un véritable calvaire.

C'est l'heure de se rendre sur le lieu de départ mais comme à mes habitudes, y a urgence pipi sauf qu'il y a une queue interminable au wc. Je laisse tomber par peur de louper le coup de sifflet et finalement, je trouve des wc libres sur le chemin. Je dépose le sac de délestage au camion mais je suis à la bourre, j'entends que la 1er vague est dèjà complète et s'apprête à s'élancer dans les minutes à venir. Je peste un peu mais tant pis, je n'ai pas le choix que de prendre la 2ème et dernière vague. C'est chouette d'être là, je suis contente mais j'appréhende quand même, cette course est un test pour reprendre confiance en mes capacités. La vue de l'arche de départ by UTMB me donne des frissons car me rappelle, la prochaine échéance à Chamonix dans un peu plus de 2 mois.

Voilà, le départ est donné vers 8h10, un petit tour dans le village de Monistrol d'Allier, passage sur le pont de Gustave Eiffel et on rentre dans un petit sentier.

Cela bouchonne très rapidement en raison du single track et d'un passage glissant et un peu compliqué dans la forêt. L'avancée se fait un peu en accordéon mais la montée qui suit, d'un peu plus de 400m de dénivelé positif finit par étirer le peloton. Il fait déjà chaud mais pour le moment, les passages en forêt apporte encore un peu de fraicheur. La trace bascule sur une descente, les sentiers sont secs et on arrive au 1er ravito à Saint Privat d'Allier.

La suite est une accumulation de montées et descentes, jusqu'au km 25 environ avec passage éclair en cours de route au 2ème ravito (km15), La chaleur commence à être écrasante. Je commence à croiser des coureurs du 120km partis la veille à 23h et j'arrive au 3ème ravito à Alleyras (km28) après une longue descente et le début de la prochaine ascension. Je ne m'attarde pas trop, pendant que je remplis mes flasques, une copine m'appelle pour prendre des nouvelles. Je tape la discute et repars du ravito mais j'oublie mes bâtons, heureusement je n'ai fais que 100m avant de m'en rendre compte et de faire demi tour pour les retrouver.

En sortant du ravito, il y a 2 petites ascensions à parcourir, une de 200m d+ et une autre de 300m d+ environ puis une longue portion, de faux plat montant qui mène au 4ème ravito qui se situe au Lac du Bouchet (43km).

Il fait tellement chaud que j'ai bien envie d'y faire un peu trempette mais si je m'autorise cela, je crains de ne pas repartir. Il y a un monde de folie, beaucoup sont allongés au sol, se reposent ou parlent à leur entourage venu les encourager. Je garde la même dynamique depuis le départ, je ne m'attarde pas trop, je remplis mes flasques d'eau, je grignote ici et là et je repars.

Il reste 2 côtelettes bien raides à grimper pour atteindre le point culminant de la course à 1430m d'altitude, le Mont Dévès (km 50 environ). A partir de là, le plus gros du dénivilé positif est fait et la course bascule ensuite sur un profil plutôt descendant.

Arrivée au 5ème ravito à Ramorouscle (km 53), jusqu'ici le parcours passait en partie en sous bois et donc à l'abris du soleil mais la suite se fait à découvert et ma progression va devenir un long chemin de croix. Cela prend encore plus de sens car la course emprunte des chemins de Saint Jacques de Compostelle, c'est finalement mon pélerinage à moi aussi !! 

6ème ravito à à Saint Christophe sur Dolaizon (59km), passage éclair pour prendre de l'eau, c'est un tout petit ravito en plein cagnard, je n'ai pas du tout envie de m'attarder. Je ressens une grosse piqûre au niveau du ventre, j'ai du me faire piquer par une bestiole, en tout cas sur le coup je pousse un petit cri et les personnes autour me regardent en se demandant ce qui m'arrive. lol.

Le ravito suivant se trouve 10km plus loin, retour d'un peu de d+ mais j'ai l'impression de ne pas avancer, que c'est long. Je trouve les portions dorénavant monotones en plein soleil, j'ai super chaud. Je ne compte rien lâcher, il n'est pas question d'arrêter, en plus je suis loin des barrières horaires donc c'est rassurant mais j'aimerai bien que ça se termine et prendre une douche rafraîchissante. J'ai la nausée depuis plusieurs minutes en arrivant au 7ème ravito à Les Chibottes (km 69), c'est hyper désagréable. Je remplis mes flasques mais j'ai pas du tout envie de boire de l'eau. Je prends du coca dans un verre, c'est bien la première fois que je me laisse tenter par cette boisson en ravito, puis un verre de Saint Yorre. J'ai l'espoir que les bulles vont apaiser cette envie de vomir et ca fonctionne pas trop mal. Il me reste 5km à parcourir avant d'arrivée à Le Puy en Velay, je tiens le bon bout. 

Une petite côte, un passage dans une portion rocheuse et le dernier kilomètre se fait en ville avant de montée le parvis de la cathédrale. Je termine en marchant car la pente est raide, je suis tellement contente d'avoir reussir cette course, qui me met du baume au coeur après les doutes qui m'ont envahi ses dernières semaines. Alors pour la suite, oui j'ai peur mais qui ne tente rien, n'a rien, je vais me battre pour réaliser mes objectifs avec succès.